Il n'est jamais trop tard pour ne pas se tromper.
Amstrad. Ce mot me faisait complètement rêver quand j’avais dix ans. Je regardais la publicité du CPC 6128 Plus à la télévision en m’imaginant être à la place du jeune garçon.
Publicité de l'Amstrad 6128 Plus en 1990 :
Attention aux yeux, attention aux oreilles : “4000 couleurs, son stéréo dans le moniteur” !
C’est fou, la musique de la pub ressemble vraiment au générique du Prince de Bel Air ! Toute une époque, on sort à peine des années 80 et cela se ressent.
Bref. Tout a commencé avec cette pub. Il me fallait cet ordinateur, et il était peut-être possible de l'avoir !
Il faut dire qu'en 1990, Amstrad propose un ordinateur peu cher, moins de 4000 francs. En comparaison, l’Atari 520 ST coûte presque 10 000 francs à son lancement en 1985. Son faible coût a certainement été un argument de poids pour convaincre les parents qui ne s'y connaissaient pas vraiment en informatique et qui voulaient que leurs enfants apprennent à se servir d'un ordinateur.
Le produit était peut-être déjà complètement dépassé techniquement par rapport aux autres machines, mais chez moi, il n'a été remplacé par un PC qu'en 1998.
Devant la pub à la télé, en tout cas, je ne voyais pas du tout la machine limitée, je voyais un super méga nouveau ordinateur son stéréo 4000 couleurs, il ne faut pas l'oublier.
JE VEUX. JE VEUX. JE VEUX. PITIE.
ET J'AI EU.
Un matin, juste avant de partir à l'école, un livreur est arrivé avec le gros colis.
Mais impossible de rester à la maison... A dix ans, on ne maîtrise pas du tout son emploi du temps.
J'ai dû poireauter toute une longue et lente journée avant de pouvoir découvrir le crocodile.
Enfin, la merveille, installée dans ma chambre.
Imaginez, 128 ko de mémoire vive ! Un vrai Amstrad 6128 Plus avec son port disquettes, son port cartouche, un clavier, un moniteur et une manette de jeu : une console GX 4000 dans un ordinateur, en résumé.
J'ai commencé à jouer au jeu sur cartouche fourni avec, Burnin' Rubber, un jeu de course de voitures, plutôt prenant mais avec un atroce son de moteur. Génial, en fait, la stéréo… C'était très désagréable, mais j'étais tellement contente que je ne m'en rendais pas compte, ou plutôt je faisais comme si de rien n'était.
Si vous voulez un aperçu...
Vidéo du jeu Burnin' Rubber :
La manette n'était pas extraordinaire non plus, tout juste suffisante pour jouer à peu près correctement.
Je n'ai eu, pendant très longtemps, que cette seule cartouche.
Je crois que je n'en aurais jamais eu d'autres, si par hasard, en vacances, nous n'étions tombé sur un magasin proposant des cartouches invendues dans un petit coin.
J'ai alors pu choisir Batman The Movie, mais je n'ai jamais dû dépasser le deuxième niveau de ce jeu de plate-forme. Cette fois-ci, la musique et les graphismes étaient plutôt jolis, mais je trouvais le jeu beaucoup trop dur.
Vidéo du Jeu Batman the Movie :
Sincèrement, cet ordinateur fait partie de mes plus beaux souvenirs, en dépit de tous ses défauts. J'en étais folle, je voulais même écrire mon journal intime dessus, en lettres jaunes sur fond bleu (BASIC). Mais j'ai vite abandonné, car je ne pouvais pas coller de souvenirs dedans et cela n'avait rien d'un traitement de texte, c'était très rudimentaire !
Je me suis aussi procurée quelques magazines “Amstrad Cent pour Cent”, mes trésors, et je regardais les pages de code en essayant parfois de taper des lignes sans jamais aboutir à rien. SYNTAX ERROR.
C'était trop fastidieux, je n'ai jamais pu copier un programme qui fonctionne.
Le jour où j'ai enfin pu faire bouger des rectangles colorés dans un navigateur internet en utilisant du javascript, 15 ans plus tard, je me suis souvenue de ces moments frustrants devant l'Amstrad, et j'ai alors eu un énorme sentiment de revanche.
Je vous conseille de jeter un coup d'oeil à ces revues, elles en valent la peine.
Amstrad magazine :
http://www.abandonware-magazines.org/affiche_mag.php?mag=21&page=1
Amstrad Cent pour Cent :
http://www.abandonware-magazines.org/affiche_mag.php?mag=23&page=3
CONCLUSION
Je me rends compte que ma relation avec cet ordinateur a été assez étrange :
autant le CPC reste gravé dans ma mémoire maintenant que je ne l’ai plus, comme un objet que j’ai vraiment beaucoup aimé, autant celui-ci m’a aussi beaucoup frustré.
Frustration de ne pas avoir eu assez de beaux et bons jeux, frustration de ne pas être arrivée à écrire des programmes, même s'il ne s'agissait que de copier des lignes, frustration d’avoir vu tourner chez les copains des Atari 520 ST ou Amiga offrant des graphismes bien plus jolis et des jeux mieux finis.
Frustration aujourd’hui, encore, en écrivant ce texte, de découvrir que le jeu que j’appréciais tant sur Atari 520 ST, Pang, existait en fait aussi sur cartouche pour Amstrad CPC 6128 Plus !
CPC, tu as été l'un de mes plus beaux cadeaux, vraiment, mais tu n'auras finalement jamais réussi à combler mes attentes de l’époque. Peut-être que j’étais trop jeune et que je n’ai pas su exploiter tes possibilités, peut-être aussi que tu ne pouvais pas faire de magie...
Pour en savoir plus sur l'Amstrad 6128 plus : http://www.cpcwiki.eu/index.php/Plus
Pour rire un peu, Hard Corner sur la GX 4000 (la console Amstrad) :
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